Aller au contenu

Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérêt cette race qu’is ne voient guère qu’en la rencontrant sur le champ de bataille.

Malgré la proclamation de la paix, il était assez probable que quelque jeune héros Crie ne résisterait pas à la tentation de dérober des chevaux aux Pieds-Noirs. M. Chantelaine avait donc eu la précaution de les faire rentrer pour la nuit ainsi que les nôtres dans l’enceinte du fort. Dans la matinée, un Crie accourut du camp de la plaine, pour nous dire que les hostilités étaient imminentes ; parce qu’une femme Crie avait été tuée dans le camp des Pieds-Noirs. Elle y était allée pour épouser un chef ; mais, à son arrivée, un autre Pied-Noir s’était épris d’elle. Une querelle s’était élevée et, pour y mettre fin, un des rivaux avait frappé la femme au cœur. M. Chantelaine donna immédiatement avis de cette nouvelle au chef des Pieds-Noirs et lui conseilla de partir sans retard. Le chef y consentit. Quelques minutes après, lui et les siens avaient passé la rivière. Comme ils touchaient la rive opposée, un coureur des Pieds-Noirs, dépouillé de tous ses vêtements, arriva hors d’haleine, hors de sens, et leur redit le danger imminent où ils se trouvaient. Heureusement l’alarme était sans fondement, et la paix demeura observée des deux partis durant les quelques semaines que nous demeurâmes près de la Saskatchaouane.

Au fort Pitt, nous fîmes l’engagement d’un autre homme, qui, de même que Baptiste, se prétendait disposé à nous suivre partout où nous irions. Notre nouveau serviteur s’appelait Louis Battenotte ou, suivant un sobriquet qui faisait presque oublier le nom, L’Assiniboine, parce qu’il avait, durant son enfance, été élevé par cette tribu. C’était un homme d’une force athlétique, quoique de taille moyenne. On l’aurait volontiers pris pour un Indien. Sa chevelure longue et noire était contenue dans un filet de soie ; il avait le nez aquilin d’une façon très-prononcée, la bouche petite et les lèvres fort minces et fort délicates. Ses façons étaient pleines de charme et d’agrément, dont l’effet était