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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/183

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come, se tenait debout en avant de sa demeure quand nous arrivâmes ; nous lui fûmes immédiatement présentés et nous lui demandâmes où en était la chasse à l’ours projetée. Il nous reçut avec une politesse cordiale, nous dit que le jour de la chasse n’était pas encore fixé ; mais que son intention était de prêcher, le dimanche suivant, une croisade contre les maraudeurs ; on arrêterait alors le jour où les métis se réuniraient pour cette expédition.

Le P. Lacome était un homme extrêmement intelligent, et dont la société nous parut fort agréable. Bien que Canadien français de naissance, il parlait l’anglais avec beaucoup de facilité, et les métis admettaient qu’il savait mieux qu’eux le langage des Cries. Il nous invita à descendre chez lui et à y dîner, ce que nous acceptâmes avec plaisir. Nous le suivîmes donc dans sa maison, qui ne se composait que d’une chambre de réception au rez-de-chaussée avec une chambre à coucher au-dessus. L’ameublement consistait en une petite table, avec une paire de chaises grossières. Les murs étaient ornés de quelques gravures coloriées, parmi lesquelles se trouvaient les portraits de Sa Sainteté le Pape et de l’évêque de la Rivière Rouge ; plus un tableau, ou des anges à l’air matériel et stupide arrachaient de fort jolies saintes aux flammes du purgatoire. Après un excellent dîner, composé de soupe, de poissons, de viande sèche et de légumes délicieux, notre hôte nous mena visiter l’établissement. Il nous fit voir plusieurs fermes très-présentables, ayant de fertiles champs de blé, de grands troupeaux de chevaux et de gras bétail. S’étant voué à l’œuvre d’améliorer l’état de ses ouailles, il avait fait venir, à grands frais pour lui, des charrues et d’autres instruments d’agriculture à leur usage, et maintenant il s’occupait à achever un moulin à blé qui serait mis en mouvement par des chevaux. Il avait bâti une chapelle et établi des écoles pour les enfants des métis. Le beau pont que nous avions traversé était dû à son esprit d’entreprise. En somme, cette petite colonie