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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/192

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taient de l’être, les talents de M. O’B… Il avait vu échouer son projet académique, et après être demeuré quelque temps dans la vallée de la Rivière Rouge sans occupation, il avait pu, grâce à la bonté du vétéran des missionnaires de cette région, de l’archidiacre Cockran, se procurer les moyens de tenter un voyage à travers les montagnes, et à la recherche, sur la côte du Pacifique, d’une société plus convenable à sa vocation.

Il était parti avec la bande des émigrants canadiens dont nous avons déjà parlé ; mais ceux-ci avaient apparemment reconnu qu’il était aussi exigeant qu’inutile, et l’avaient abandonné à Carlton. De là il avait été transporté par les bateaux de la Compagnie qui remontaient à Edmonton. Mais ses nouveaux hôtes l’avaient pris en grippe et avaient refusé d’aller avec lui plus loin que le fort Pitt. Abandonné à cette place, il avait été plus tard conduit à Edmonton avec un convoi de charrettes. Déjà il y était depuis près d’une année quand nous l’avons rencontré. Il ne pouvait ni avancer ni reculer, et se trouvait dans un dénûment complet. Cependant les officiers du fort lui avaient témoigné toute espèce de bonté et l’avaient entretenu de vivres et de tabac.

Lorsqu’il eut achevé son histoire, il exposa l’objet réel de sa visite. Il nous priait de lui permettre de nous accompagner jusque dans la Colombie Britannique. Son incapacité ne nous aurait pas fait hésiter à l’admettre en notre société, si ce voyage n’avait pas été extraordinaire ou si nous avions eu à notre disposition tous les moyens de nous procurer un nombre suffisant d’hommes et de chevaux avec des provisions en conséquence. Mais la situation rendait fort peu désirable une pareille addition à notre troupe, et nous demandâmes la permission de réfléchir quelque temps. M. O’B… avait passé l’hiver chez quelques mineurs qui s’étaient bâti une cabane à un quart de mille d’Edmonton. Leur départ au printemps l’ayant laissé dans l’isolement, il avait eu une vie pleine d’anxiétés, toujours redoutant les loups qui venaient chaque soir hurler dans son voisinage, et