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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/218

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ou par-dessus les troncs tombés les uns sur les autres ; ses compagnons avaient peine à le suivre de près ; pourtant aucune de ces empreintes, que l’œil moins expérimenté de Cheadle ne pouvait reconnaitre qu’après l’examen le plus attentif, ne lui échappait. Non-seulement le chasseur est forcé de ne pas perdre la piste des yeux, mais encore i] doit chercher constamment l’animal qu’il poursuit, car il peut le rencontrer à chaque instant ; il ne doit non plus ni briser une branche sèche, ni faire du bruit dans le taillis qu’il traverse. Parmi les quelques facultés dont l’Indien Peau-Rouge est doué pour le bien ou pour le mal, on n’a rien exagéré dans ce qu’on a dit de la puissance de sa vue, ou de la sagacité qu’il possède pour suivre une piste et pour interpréter les indices qu’il rencontre. Il passera parfois des journées entières à poursuivre un élan, et, dans l’hiver, quand le son de la croute de neige qui se brise sous ses pieds trahirait ses approches, il prendra la peine de tailler au couteau chacun de ses pas. Dans le cas dont il s’agit, Glen était parti et la chasse avait été abandonnée.

Le soir, nous nous régalâmes bien avec notre plat de poissons, et nous aurions été assez gais sans la sinistre bouderie de Baptiste. La matinée suivante s’annonçait mieux. Baptiste aida volontiers à charger les chevaux, il fut aussi communicatif qu’à l’ordinaire et eut l’air tout à fait content. Cheadle partit en avant, et après une heure ou deux de marche il s’arrêta pour attendre le convoi. Quand celui-ci arriva, Baptiste avait disparu ; ce fut Milton qui, le premier, signala son absence. L’Assiniboine affirma que tout ce qu’il savait à cet égard, c’est que, lors du départ, Baptiste était resté en arrière sous prétexte d’allumer une pipe ; il me doutait point qu’on ne le revît d’u, instant à l’autre. Nous continuâmes de marcher jusqu’à midi. Alors, comme Baptiste ne reparaissait pas, nous demeurâmes convaincus qu’il avait réellement déserté. Nous nons arrêtâmes pour délibérer solennellement sur le parti qu’il y avait à