prendre dans ces nouvelles circonstances. Il demeura évident pour nous que jamais Baptiste n’avait eu l’intention de nous accompagner au delà de la place où nous étions et qu’il n’avait cherché une dispute qu’afin de se procurer une excuse pour nous quitter. Il nous emmenait un de nos meilleurs chevaux et une petite quantité de nos provisions. Le suivre était parfaitement inutile, si nous ne nous proposions pas de rentrer à Edmonton. Nous en vînmes donc à la ferme résolution de continuer, coûte que coûte, notre expédition, bien que nous ne pussions pas nous dissimuler que ce serait une très-lourde tache. Nous avions treize chevaux à charger et à conduire à travers l’épaisseur des forêts ; nous ne pouvions attendre d’assistance que de la part de L’Assiniboine, qui était manchot, de sa femme et de son fils ; M. O’B. n’était qu’un embarras de plus. Or, nous avions devant nous, six au moins, peut-être sept cents milles, du pays le plus difficile au monde, et personne de nous n’y avait mis le pied auparavant. Cependant nous étions décidés à nous fier à L’Assiniboine, s’il voulait nous donner sa parole d’honneur de ne nous délaisser dans aucune circonstance, car nous avions la conviction que sa prodigieuse sagacité suffirait à nous trouver la route. Nous lui proposâmes donc immédiatement de l’élever à la position de Baptiste, de faire de lui notre guide et d’augmenter ses émoluments, nous contentant qu’il prît l’engagement formel de nous suivre jusqu’au bout. Nous l’envoyâmes consulter sa femme et, lorsqu’il eut causé quelque temps avec elle, il revint nous dire que tous deux étaient déterminés à nous servir fidèlement, et qu’il se sentait certain de n’avoir aucune difficulté à suivre la trace des émigrants.
Le lendemain matin, nous retrouvâmes le Mac Leod et nous le suivîmes durant une couple de jours. Un de ses petits affluents nous donna l’occasion de pécher la truite d’une manière assez nouvelle. Nous étions descendus avec le jeune Assiniboine vers le ruisseau, tandis qu’on préparait le dîner ; nous voulions