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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/220

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pêcher avec des taons que nous avions pris sur nos chevaux. Il y avait un certain nombre de truites étendues à l’ombre d’un large saule qui dominait le courant. Nous nous appuyâmes le long du tronc pour laisser tomber devant le nez des poissons la mouche tentatrice. En cet instant, un faux mouvement précipita Cheadle dans l’eau avec un horrible fracas. Le jeune garçon, en riant du malheur de son compagnon, glissa aussi et éclaboussa tout autour de lui. Ces deux chutes n’empêchèrent pas les truites de revenir immédiatement à l’ombre qui les protégeait et ne les réveillèrent point suffisamment pour qu’elles tournassent leur attention vers notre amorce. Laissant donc le jeune Assiniboine manœuvrer la mouche, nous nous mîmes à exciter les truites avec le bout d’une longue perche. Ainsi réveillées de leur état léthargique, elles remarquèrent l’amorce, ce qui nous procura un bon repas. Avant d’avoir recours à cette invention, nous n’en avions pris aucune.

Comme le sentier suivait le long de la rivière et s’effaçait de plus en plus, L’Assiniboine eut l’idée que nous avions quitté le bon chemin allant à Jasper Bouse, pour prendre une route suivie accidentellement par des chasseurs ou par des mineurs. À midi, nous campâmes donc au milieu d’un bois épais de jeunes sapins. Les arbres étant fort près l’un de l’autre, nous fûmes obligés d’en abattre quelques-uns pour faire de la place à nos chevaux et à notre bivac. L’Assiniboine partit à la recherche du bon chemin ; sa femme et son fils descendirent à la rivière laver quelques vêtements et nous restâmes seuls avec M. O’B. Comme les taons étaient fort nombreux, nous fîmes, dans l’éclaircie que nous avions pratiquée, un grand feu dans l’intérêt de nos chevaux ; puis un plus petit pour notre usage particulier. Nous étions tranquillement assis à l’entour, occupés à faire cuire le pemmican. M. O’B. avait retiré ses bottes et prenait grand plaisir à fumer sa pipe. Tout à coup, l’autre feu se mit à pétiller et à ronfler plus fort. Nous regardâmes et nous fûmes frappés d’ef-