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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/223

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s’étaient détournés pour aller chercher les sources du Mac Leod. Une forte pluie persévéra le lendemain à tomber sans interruption et nous contraignait à demeurer à l’abri de notre loge. Mais la matinée suivante se leva claire et brillante, et un bon chemin d’environ un demi-mille nous conduisit aux rives de l’Athabasca. Comme la Saskatchaouane, elle coulait dans un canal qu’elle s’était creusé au fond de la large vallée de la rivière. Les coteaux escarpés qui la bordaient avaient deux cents pieds de haut et étaient couverts de bois épais de pins[1], de sapins et de peupliers, qui ressemblaient fort à ceux du Mac Leod. Cependant la vallée de l’Athabasca est plus enfoncée et plus large. Les eaux de la rivière étaient troubles, profondes et rapides. Elles avaient alors, étant gonflées dangereusement, toute l’élévation du printemps et contrastaient vivement avec les cours d’eau clairs et bas que nous avions récemment traversés. L’Athabasca remplissait son lit jusqu’aux bords, avait deux cents mètres de large, se précipitait, enflant ses grosses vagues, par-dessus les roches dont son lit est semé et entraînait dans le courant de larges pins de cinq ou six pieds de diamètre, qu’elle faisait sautiller et tournoyer comme les pailles qui descendent un ruisseau. Les Indiens nomment cette rivière Mistéhay Chéké Sipi ou la Grande Rivière des Bois, en opposition avec la Saskatchaouane, qui est la Mistéhay Paskomô Sipi ou la Grande Rivière des Plaines. Nous la contemplions avec assez d’inquiétude, car elle ne nous donnait guère lieu d’espérer que, dans son état actuel, nous pourrions avec sécurité la passer en radeau. Aussi nous reconnûmes avec plaisir que le chemin remontait le long de la rivière. Peu après, le sommet d’une butte ronde et dégarnie nous donna la première occasion d’apercevoir les Montagnes Rocheuses. C’était un magnifique point de vue et le plus en-

  1. Il y a bien, dans les gravures qui accompagnent en voyage, quelques pins, comme dans la vue qui a été prise en face de Jasper House ; mais, en général, ce sont des sapins qui y sont représentés. (Trad.)