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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/240

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nous continuâmes notre entreprise. À cette place, la rivière était profonde, large et paisible ; nous la franchîmes heureusement et sans difficulté. Avant d’avoir atteint la rive opposée nous découvrîmes que nous avions laissé sur celle que nous venions de quitter une des deux hachettes qui nous restaient ; cependant nous ne revînmes point sur nos pas, parce que ce n’était pas une petite affaire que de diriger un si grand radeau. Si nous avions su combien nous regretterions par la suite la perte de cet instrument, nous n’aurions certes rien épargné pour le recouvrer.

La côte où nous débarquions était plate et n’avait que peu d’arbres à cause d’un incendie qui l’avait ravagée. Nous chargeâmes les chevaux, et avant le coucher du soleil nous fîmes quelques milles. Le lendemain vers midi, en remontant toujours le long de l’Athabasca, nous trouvâmes une belle petite prairie environnée de hauteurs que couvraient des sapins verts presque jusqu’au sommet et que dominaient des pics élevés tout revêtus de neige. L’un de ces pics, qui a reçu le nom de la Roche du Prêtre, a une forme curieuse : son sommet ressemble à celui d’une pyramide enveloppée de neige. La prairie était richement émaillée de fleurs, et un âpre monticule y marquait l’emplacement de Henry-House, l’ancien fort des Montagnes Rocheuses.

À cet endroit, le chemin quittant la vallée de l’Athabasca, tournait vers le nord-ouest et pénétrait dans un ravin étroit et rocailleux qu’on appelle la vallée de la Miette[1]. Ce cours d’eau n’avait pas plus de trente mètres en largeur, mais il était profond et rapide, et son lit était semé de grosses pierres et de rochers. Le chemin était souvent coupé par de larges pierres et de grands arbres tombés formant des abatis si épais que nos deux hommes eurent toute l’après-midi une rude besogne et que nos

  1. C’est du côté de l’est, le commencement du col de La Cache de la Tête-Jaune. (Trad.)