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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/282

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qui, depuis tant de jours, devaient se contenter de jeunes branchages. En somme la journée fut meilleure que les autres ; car nous trouvâmes aussi des bouquets de framboisiers dont les fruits égalaient ceux que nous récoltons en Angleterre et deux espèces d’airelles ayant des baies grosses comme des prunelles et formant de petits buissons de deux pieds de haut. Les bois étaient garnis de grandes fougères semblables à la fougère mâle d’Angleterre, de grandes et maigres fougères impériales, et de plusieurs autres. Nous eûmes aussi la chance de tuer quatre perdrix pour le souper et, bien qu’il finît par pleuvoir et que nous nous fussions trempés en nous glissant sous les taillis, nous nous trouvâmes cette nuit plus gais que nous ne l’avions été depuis que nous avions vu finir le chemin ouvert.

Avant le soir nous découvrîmes un torrent qui venait du nord-ouest. Nous montâmes à cheval pour le franchir, excepté M. O’B., qui n’avait jamais pu se réconcilier avec l’équitation depuis ses accidents dans le Fraser. Que fallait-il faire ? M. O’B. s’obstinait à ne pas se hasarder sur le dos d’un cheval, et le courant avait trop de rapidité et de profondeur pour qu’on pût avec sécurité le passer à gué. Quand nous eûmes discuté quelque temps fort inutilement avec lui, nous poussâmes nos chevaux dans l’eau, que L’Assiniboine et sa famille avaient déjà traversée ; mais le cheval de Cheadle n’était pas à un mètre du rivage, que M. O’B. s’élançait comme un fou après lui et saisissait à deux mains la queue flottante de Bucéphale. C’est ainsi qu’il fut triomphalement remorqué jusqu’à l’autre rive. Ce grand succès lui ôta pour l’avenir beaucoup des inquiétudes que lui inspirait le passage des cours d’eau.

Après avoir quitté le petit marécage dont nous avons parlé plus haut, nous nous retrouvâmes enfoncés dans l’épaisseur des forêts, sans aucune clairière durant plusieurs jours, et nous reprîmes notre vieille routine de couper notre chemin à travers la futaie, de conduire des chevaux indociles, de les retirer de