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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/284

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vions sur un espace assez uni, ayant près d’un mille carré en étendue, et au point de jonction de cinq vallées étroites. Une portion de ce terrain était couverte de bois en partie brûlé ; le reste formait une prairie marécageuse ayant çà et là des arbres rabougris. Dans la portion incendiée, se trouvaient beaucoup d’airelles qui n’étaient pas encore mûres ; nous en fîmes notre dîner et puis nous nous ouvrîmes un chemin jusqu’au marais, où nous campâmes.

L’espoir que nous avions eu de sortir de la forêt, en observant d’abord que les collines s’éloignaient vers l’ouest, fut promptement dissipé. La petite plaine n’était qu’une oasis entourée de montagnes et de hauteurs escarpées, couvertes de sapins ; on n’en pouvait sortir que par des gorges resserrées entre les différentes chaînes. Ce soir-là notre dernier morceau de pemmican fut consommé et il ne nous resta plus d’autre nourriture qu’environ un quart de livre de farine. Si l’on s’en rapportait à la carte que nous avions, la distance entre La Cache de la Tête Jaune et Kamloups devait être estimée à deux cents milles ; mais cette estimation pouvait être erronée de beaucoup, parce que vraisemblablement la latitude des deux points était inconnue quand la carte avait été dressée. Cependant, en l’admettant, si nous avions fait une dizaine de milles par jour ou soixante-dix environ avant que la trace des émigrants se terminât, et trois par jour depuis que nous étions obligés de nous frayer nous-mêmes un chemin, nous avions encore cent milles à parcourir ayant d’arriver au fort. Presque la totalité de cette distance pouvait se composer d’une région pareille à celle que nous venions de traverser. En tout cas, rien n’indiquait dans le pays qui nous environnait qu’il fût près de s’améliorer. Notre marche était si lente, au plus cinq à six milles par jour ! et quelquefois pas un, qu’il nous faudrait bien du temps pour sortir de là. D’ailleurs il n’y avait pas d’apparence que nous trouverions aucune assistance, puisque, depuis que nous avions quitté le