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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/294

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coup d’épaule qui le fit rouler de son perchoir. Il n’avait aucunement souffert. M. O’B. lui fit franchir les passages les plus difficiles tandis que Cheadle suait sang et eau par derrière à porter, en lieu plus sûr, la charge du cheval. Quand toute chose eut été remise en place, on chemina de conserve ; mais, quelques pas plus loin, l’autre cheval roulait à son tour dans le précipice. Heureusement il vint, avant de tomber au fond, donner contre quelques arbres ; mais il fallut encore décharger celui-ci, porter son faix, le rehisser sur ses jambes et grimper ainsi l’escarpement. Quand on eut rejoint les autres, un de ceux-ci, refusant de sauter par-dessus un tronc qui barrait le passage, recula et tomba dans un vrai puits, formé d’arbres et de rochers. Tous les efforts pour l’en retirer échouèrent longtemps. Nous n’étions là que Milton et Cheadle ; le reste ayant filé en avant. Enfin, au bout d’une heure de travail, Milton courut après les autres, les rattrapa et rapporta une hache. Une autre heure fut nécessaire pour ouvrir une issue au cheval et le recharger. Cependant nous eûmes bientôt retrouvé nos compagnons. Effectivement il n’y avait pas de danger qu’on se séparât de nous par une trop grande distance.

La rivière formait encore une succession de grands rapides. Au bout d’une courte marche, nous nous trouvâmes à un endroit où le ravin, se rétrécissant tout à coup, n’avait plus qu’une cinquantaine de pieds. De grands rochers droits comme des murs s’élevaient de tous côtés. Au milieu d’eux, pendant une centaine de mètres, presqu’à angle droit et, sur une descente brusque, les eaux se précipitaient comme un effroyable torrent et tourbillonnaient autour de grandes roches qui surmontaient l’écume. L’Assiniboine nomma immédiatement ce passage, la Porte d’Enfer. Aucun canot et, à plus forte raison, aucun radeau ne l’aurait traversé ; nous nous félicitâmes donc avec reconnaissance de nous être décidés à faire notre voyage par terre.

Cette nuit, nous campâmes assez près de l’endroit d’où nous