quart de mille. Quand Cheadle fut presque arrivé au bout, il se retourna pour voir ceux qui devaient le suivre. Il n’aperçut rien. Laissant là son cheval, Cheadle revint sur ses pas pour découvrir ce qui était arrivé. Il rencontra M. O’B. qui se hâtait de grimper la montagne, sans Bucéphale. « Où est le cheval ? » lui cria Cheadle. — « Oh ! » dit M. O’B., « c’est fini : il est tombé dans le précipice et tué. Facilis descensus, vous le voyez. Il a glissé et est tombé par-dessus. Ἔπειτα πέδονδε κυλίνδετο ἵππος ἀναιδής[1], vous savez. Je ne l’ai plus revu, docteur. Retourner en arrière est parfaitement inutile, je vous l’assure. Ne le cherchez pas. Il est réduit en atomes, brisé en mille pièces ! C’est une chose effroyable, n’est-ce pas ? » Cheadle insista sans se fâcher pour que M. O’B. le ramenât sur le théâtre de l’accident ; ce que celui-ci fit, mais bien malgré lui.
L’endroit où le cheval avait glissé et essayé de se retenir ne fut pas difficile à reconnaître. L’écorce arrachée aux troncs des arbres couchés marquait clairement le lieu de sa chute précipitée. De l’endroit où il était tombé, à la rivière, il y avait bien cent vingt ou cent trente pieds, dont les derniers trente ou quarante formaient une surface perpendiculaire de rocher. Cheadle se glissant doucement regarda par-dessus le bord et aperçut, sur un petit plateau inférieur, Bucéphale tout de son long, à califourchon sur un gros arbre. Celui-ci était soutenu par d’autres arbres, couchés horizontalement assez haut pour que les jambes de l’animal pendissent de chaque côté sans toucher le sol. Cheadle et M. O’B. descendirent vers lui, très-certains qu’ils l’allaient trouver mortellement blessé ; mais, à leur grande surprise, Bucéphale paraissait tout à fait à son aise dans sa nouvelle position. Ils lui enlevèrent son fardeau et, comme M. O’B. refusait de le tirer par la queue sous prétexte que cette tâche était trop périlleuse, Cheadle donna au cheval un vigoureux
- ↑ Ensuite le cheval entêté a roulé à terre. (Trad.)