Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/302

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garnies de pins jaunes, espacés. Les collines, plus sablonneuses, étaient couvertes de petits sapins, et il y poussait en quantité des baies d’airelle aussi grosses que les grains de raisin en Angleterre, et d’un goût délicieux. Çà et là, des cerisiers sauvages et des ronces, garnies de grosses senelles noires, nous fournissaient une nourriture agréable quoique insuffisante. Le 23, dans notre impatience de gagner Kamloups, nous étions debout avant le jour. Nous traversions un pays charmant, sur un chemin facile comme celui de la veille, et nous nous ébattions en plein soleil. Vers midi, les indications de la présence de l’homme devenaient plus fréquentes. Nous découvrîmes l’empreinte d’un moccasin dans le sable de la rive et nous aperçûmes du côté opposé un vieux canot. Tout à coup un frôlement se fit entendre dans les buissons, sur la route que nous suivions, et aussitôt nous vîmes sortir un Indien, après lequel marchait sa squau, portant un enfant à dos. C’étaient les premiers êtres humains que nous avions rencontrés depuis notre départ de La Cache de la Tête-Jaune. Dieu sait quel accueil nous leurs fîmes. Quelles véhémentes poignées de main, quels éclats de rire, que de questions incompréhensibles ! L’homme en était stupéfait. Évidemment il connaissait le mot Kamloups. Nous donnâmes à ses signes l’interprétation que nous ne tarderions pas à rencontrer d’autres Indiens et que nous pourrions atteindre Kamloups cette nuit même. Nous pressâmes donc notre marche pendant dix à douze milles encore, mais sans trouver aucun indice du fort et sans rencontrer aucun autre Indien. Ce soir-là, nous mangions notre dernier morceau de cheval séché ; mais nous avions pris la résolution d’essayer d’obtenir quelque nourriture des autres Indiens que nous espérions rencontrer bientôt.


"poussant en touffes séparées comme son nom l’indique." M. Cheadle ne connait pas de nom français à cette espèce d’herbe ; nous rappellerons donc souvent bunch-grass, mot qui aura pour analogue le china-grass, dont l’usage devient assez populaire en France. (Trad.)