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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/315

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de ces grands rapides, que nous avons nommés les Rapides Murchison, ils construisirent de nouveaux radeaux, et réussissant à franchir sans encombre les chutes moins considérables, ils arrivèrent à Kamloups dans un déplorable état.

La troisième bande se composait de cinq Canadiens, trois frères du nom de Rennie et deux autres qui s’appelaient Helstone et Wright. Elle avait passé plus tard dans l’automne au col de La Cache et y avait obtenu des canots pour descendre le Fraser. Les Chouchouaps de La Cache avaient retrouvé les canots sens dessus dessous et tous les effets de ces aventuriers dispersés sur le rivage au-dessous de quelques rapides ; ils en avaient conclu que toute la bande avait été noyée. Il n’en était rien. Trois de ces malheureux étaient réservés à un sort plus horrible. Nous apprîmes que, croyant traverser avec plus de sécurité les rapides, ils avaient attaché les deux canots l’un à l’autre, et que, malgré cette précaution, les canots avaient été engloutis. Deux des Rennie réussirent à gagner le bord ; les trois autres hommes, à s’accrocher à un rocher qui était au milieu du torrent. Ceux-ci, pendant deux jours et deux nuits, restèrent exposés au froid du commencement de l’hiver, sans une parcelle de nourriture, avant que leurs compagnons eussent pu les délivrer. Enfin une corde fut lancée sur le rocher et les hommes attirés à la rive, à demi-morts de faim et de froid. Ils étaient dans un tel état qu’ils ne pouvaient pas aller plus loin. Les deux Rennie leur coupèrent une provision de bois pour faire du feu, et, leur laissant le misérable reste de leurs denrées, partirent à pied pour aller chercher des secours au fort George, dont ils ne se croyaient pas à plus de six jours de distance ; mais ils s’étaient trompés. Ils eurent à traverser des forêts épaisses et encombrées, et la neige était devenue considérablement profonde avant qu’ils fussent arrivés au fort George, à moitié gelés et se mourant de faim et de fatigue, après vingt-huit jours de route. On envoya immédiatement des Indiens au secours des malheureux laissés