Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/33

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nant, Milton se mit à descendre le courant à la poursuite d’un oiseau blessé, tandis que Treemiss et Cheadle restaient en arrière à chercher quelques-uns de ceux qui s’étaient réfugiés à terre. Le premier ramait gaiement en chassant sa proie, lorsqu’à un tournant subit de la rivière, il se rencontra avec le bateau à vapeur qui remontait un rapide peu profond. Désireux d’aller à bord goûter les friandises dont nous étions privés depuis quelque temps, il entra dans le courant côte à côte du bateau, dont le pont s’étendait par-dessus. L’eau déjà rapide et forte le devenait plus encore par l’effet de la roue d’arrière, qui poussait vivement le petit navire dans cet étroit chenal. Le canot dériva jusque sous la projecture du tillac ; mais Milton le maintint énergiquement, et quelques gens de l’équipage l’ayant saisi le hissèrent obligeamment lui et son canot à bord. Quant aux compagnons qui suivaient Milton à quelque distance, ayant à leur tour aperçu le bateau et partageant le plaisir que cette me avait faite à leur devancier, ils s’élancèrent dans le courant pour monter à bord le plus rapidement possible.

La roue d’arrière fut alors arrêtée ; mais, comme Treemiss et Cheadle approchaient du bateau, on le remit en marche tout à coup. Le canot, tiré avec une effrayante vitesse, passa le long du flanc du bateau et fut aspiré pour ainsi dire par le tourbillon que formait le mouvement de la roue. Ceux qui le montaient eurent besoin de tous leurs efforts pour éviter de se laisser entraîner sous le navire ; mais le rapide les emporta à un quart de mille de distance. Rover fit un essai du même genre ; il fut emporté avec eux, après avoir vainement lutté contre la force du courant. Cheadle et Treemiss étaient furieux contre le capitaine qui venait ainsi de se jouer d’eux, et ils se chamaillaient l’un l’autre tout en tâchant vainement de remonter le rapide. Trois fois ils l’essayèrent, et trois fois ils durent recommencer, toujours emportés. Enfin, à force de ramer, ils se rapprochent, ils ne sont plus qu’à une centaine de mètres, ils arrivent ; mais, à