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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/340

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avait d’abord été de nous abandonner à Jasper-House ; nous avions eu en lui un serviteur si dévoué, un guide si habile, dans des temps de crise et de privation, que nous fûmes sincèrement affligés de nous séparer de lui et de sa famille. Nous les suivîmes des yeux comme ils remontaient le Fraser jusqu’à ce qu’ils eussent disparu, et nous nous demandions si quelque chance imprévue de notre vie les remettrait jamais sur notre chemin. Avant de quitter définitivement Victoria, nous avons appris qu’à son arrivée à Kamloups, L’Assiniboine était entré comme berger au service de M. Mac Kay, et qu’il se proposait de rejoindre le fort Pitt[1] l’année suivante avec une bonne troupe de chevaux.

Les bas fonds de l’Harrison nous permirent de voir des milliers de saumons épuisés, frétillants, sautillants, à moitié à sec et poursuivis par une foule d’Indiens qui les perçaient à coups de javelot. En passant par Douglas et Pemberton, par la voie des lacs et des portages[2], nous rencontrâmes de nouveau le Fraser à Lilloet, à deux cent soixante-cinq milles environ de New-Westminster et à trois cents de Victoria. Sur cette route, particulièrement sur les lacs Anderson et Seton, le paysage a vraiment une sauvage grandeur. De toutes parts, les montagnes s’élèvent brusquement du sein de l’eau, escarpées, rocheuses et stériles. À l’époque où nous les voyions, elles étaient parées des teintes les plus brillantes qu’un automne d’Amérique donne à la nature. Nous entendîmes parler à plusieurs reprises sur le chemin de notre ami M. O’B. qui avait suivi cette route, au lieu de celle d’Yale, à son départ de Kamloups. Il avait plu à tout le monde, car il connaissait l’histoire, la famille, les amis, les biens et les espérances de chacun, et savait les nouvelles les plus récentes du canton d’où on était parti. À une ville de la route, un certain nombre de ses nouveaux amis et admirateurs, qui pas-

  1. Voir p. 173. (Trad.)
  2. Voir la note p. 194. (Trad.)