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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/347

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à l’usage des mineurs qui travaillent dans l’eau. On les avait abandonnées au bord du chemin. Elles remplacèrent nos bottes à l’écuyère si gênantes, et nous pûmes lutter, grâce à elles, moins péniblement contre les difficultés de la route. Cette voie montait peu à peu, passant le long des flancs des hauteurs garnies de sapins et qui se suivaient de fort près, n’ayant dans leurs intervalles que les ravins les plus étroits. En fait, nous venions de rentrer dans cette région de montagnes et de forêts que nous avions d’abord rencontrée dans la vallée supérieure de la Thompson septentrionale. Les côtés du chemin étaient peuplés de cadavres de chevaux et de mulets. Il y en avait qui restaient debout comme ils étaient morts, retenus droit par une boue profonde et gelée. Chaque jour, nous passions auprès d’une vingtaine de ces cadavres, et il y en avait des centaines d’autres, d’animaux qui s’étaient détournés pour mourir et que l’épaisseur de la forêt dérobait à nos yeux. Les martres et les perdrix des bois étaient abondantes. Un grand Yankee, venu de l’État du Maine et qui s’était joint à nous, se distingua fort, en abattant à coups de revolver, avec une adresse prodigieuse, les oiseaux qui perchaient au sommet des plus hauts sapins. À mesure que nous approchions de William’s Creek, la montée devenait plus rapide et la neige plus profonde ; car, à cette hauteur, la gelée avait été continuelle.

Le soir du troisième jour de marche, nous arrivâmes à Richfield qui est à soixante-cinq milles du confluent de la Quesnelle. Suivant le conseil de notre nouvel ami, nous poussâmes par Barkerville jusqu’à Cameron Town, plus bas sur le même cours d’eau. C’est là qu’on exploitait les plus riches mines que l’on connût alors. Il faisait déjà nuit. Nous suivions le fond de l’étroit ravin dans lequel coule William’s Creek, escaladant les conduites d’eaux (flumes)[1], les troncs d’arbres, les amas de

  1. Ces flumes sont décrits et représentés dans le chapitre suivant. (Trad.)