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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/354

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évalué par ce fait, qu’en 1861, l’ensemble des colonies de la Colombie Britannique et de l’île Vancouver a été presque entièrement défrayé par l’or recueilli seulement à Antler Creek ; et que, depuis lors jusqu’à la présente année, ou pendant quatre ans sans interruption, la production de William’s Creek a suffi à plus de seize mille personnes, dont quelques-unes ont quitté le pays avec de grandes fortunes. Et cependant William’s Creek n’est qu’un étroit ravin, exploité seulement sur deux milles à peine de sa longueur, et cela de la manière la plus primitive. Les mineurs manquent du secours de la vapeur et de la plupart des outils nécessaires à leur profession : vraiment ils se sont contentés jusqu’ici d’égratigner le sol au hasard.

Parmi les nombreux exemples des richesses fabuleuses que procurent ces fouilles, on peut dire que le claim Cunningham a, l’un dans l’autre, fourni à peu près 2 000 dollars, soit 400 livres sterling ou 10 000 francs par jour, durant toute la saison ; et qu’un autre, le claim Dillon, a donné la somme énorme de cent deux livres pesant d’or en un jour, soit 4 000 livres sterling ou 100 000 francs. L’espace de cent pieds du claim Cameron, qui appartenait à un autre propriétaire, a produit 120 000 dollars ou 600 000 francs.

L’opulence ainsi rapidement acquise est généralement dissipée aussi aisément. Le mineur, qui a eu de la chance, se hâte d’aller à Victoria ou à San-Francisco semer son or dans l’état où il l’a obtenu. Rien n’y est trop cher pour lui ; aucune extravagance ne dépasse l’ampleur de ses fantaisies. Son amour de l’étalage l’entraîne à mille folies, et ses excentricités innombrables proclament le peu de cas qu’il fait de l’argent. Un jour, un mineur qui, au bout de la saison, s’était trouvé possesseur de trente à quarante mille dollars, remplit ses poches de pièces d’or de vingt dollars, descendit à Victoria, se rendit à un comptoir et régala de champagne la foule présente. Comme la compagnie ne pouvait pas venir à bout de consommer la provision entière du maître