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Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/353

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donc de fort sérieuses que les difficultés présentées par le tracé des filons ; encore la recherche en sera-t-elle plus facile à mesure qu’on connaîtra mieux la constitution géologique du pays. Jusqu’à présent, les changements qui ont eu lieu sur la face de la contrée ont toujours renversé les calculs les mieux fondés. Il faut compter sur la chance. L’or dérivé, qu’emportaient les courants d’eau, se déposait sur la roche solide ou dans l’argile bleue qui s’est immédiatement étendue sur elle ; plus tard, il a été couvert à son tour par les dépôts de graviers qui se sont lentement accumulés. Si donc les cours d’eau coulaient aujourd’hui exactement dans les mêmes lits qu’à l’époque où ils charriaient leur or, l’exploitation serait des plus simples ; mais il est loin d’en être ainsi. Tantôt un énorme éboulement a comblé le lit de l’eau, qui a dû s’en creuser un autre ailleurs ; tantôt quelque convulsion géologique a soulevé et mis à sec l’ancien lit. Dans le premier cas, le filon court entre les flancs de la montagne ; dans le second, il les escalade. Or ces divergences ne peuvent être connues que par le fait qu’on les découvre en travaillant. Souvent un mineur mettra des semaines à creuser son puits à trente ou quarante pieds de profondeur, sans rien trouver au fond pour l’indemniser de ses peines ; c’est que le torrent qui, dans les âges primitifs, a détaché et roulé les débris aurifères, ne passait pas au travers de l’endroit qu’il a réclamé, de son claim ; et cependant son voisin, au-dessus ou au-dessous de lui, se fera peut-être mille livres sterling, soit vingt-cinq mille francs par jour. Ceux qui ont de la chance, qui sont dans une bonne veine, comme disent les mineurs, font souvent de larges fortunes au Caribou dans un espace de temps incroyablement court[1].

Le produit extraordinaire des mines du Caribou peut être

  1. Il sera curieux de comparer ces récits avec les détails que M. Simonin a insérés sur l’exploitation des mines de la Californie, dans le Tour du Monde, 1862, i. (Trad.)