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que ces infortunés ont réussi en partie à recueillir le fruit de leurs travaux. La Compagnie du Nord-Ouest venait de faire fusion avec la Compagnie de la baie de Hudson. À partir de là, les colons n’étant plus attaqués, ont fait des progrès lents, mais incontestables. Le seul malheur qu’ils aient eu à supporter jusqu’ici, ç’a été une désastreuse inondation qui leur a enlevé des chevaux, du bétail, des meules de blé et même quelques-uns d’entre eux[1].

En 1862, ils formaient un assemblage fort hétérogène de huit mille âmes environ. On y trouvait des Anglais, des Irlandais, des Écossais, des Canadiens anglais, des Canadiens français, des Américains venus des États-Unis, des métis anglais, des métis canadiens et des Indiens. Presque toute cette population, à l’exception d’un petit nombre de négociants et de marchands libres, vit par l’assistance de la Compagnie. La Compagnie y est souveraine[2]. Elle fait les lois, achète les produits de la chasse et du sol, et vend en échange ce qui peut satisfaire aux besoins et aux fantaisies de la vie.

Les fermiers de la Rivière Rouge sont riches en grains et en troupeaux de bêtes à corne et de bêtes à laine. Ils en ont plus qu’il ne leur en faut et vivent dans une abondance relative. La fertilité du sol est telle que les fermiers sèment tous les ans, sans se servir d’engrais, du blé dans la même terre et récoltent à l’acre cinquante ou soixante boisseaux. Le pâturage est de la plus belle qualité et n’a pas de limite. Ce fait avait depuis longtemps été suffisamment établi par l’innombrable quantité de troupeaux de bisons que le pays nourrissait. Cependant cette

  1. Vers 1835, la colonie a passé en la possession de la Compagnie de la baie de Hudson qui l’avait acquise aux exécuteurs testamentaires de lord Selkirk. Mais, comme, depuis sa fondation, cette colonie avait été gouvernée, au nom de lordd Selkirk et de ses exécuteurs, par la Compagnie, la vente n’a effectué aucun changement dans sa situation. (Ed.)
  2. La souveraineté de cette Compagnie s’étend encore aujourd’hui dans la Nouvelle Bretagne, au Nord des États-Unis, depuis la Colombie Britannique jusqu’au Canada et au Labrador. (Trad.)