Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/56

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vaux de rechange qui trottaient derrière nous aussi naturellement que Rover. La route longeait la gauche de l’Assiniboine d’assez près, à travers une prairie plane, parsemée de loin en loin de bouquets d’arbres et de maisons. En traversant un de ces hameaux, Voudrie nous apprit qu’il avait un de ses cousins (les cousins d’un métis sont sans nombre) qui s’était marié le matin même. Il nous invitait donc aux fêtes de la noce qui se célébraient à l’instant même et tout à côté, dans la maison du père du fiancé. Nous n’étions pas sans curiosité de voir une noce. En conséquence, nous acceptâmes l’invitation, le camp fut formé et nous nous rendîmes à la maison, où Voudrie nous présenta avec toutes les cérémonies d’usage à l’assemblée, qui nous reçut avec les plus grandes démonstrations de cordialité.

D’abord nous primes notre part des viandes, des gâteaux, des pâtés, du thé et du whisky, servis par terre et hors du bâtiment ; puis nous pénétrâmes dans la salle du bal, qui était le salon d’une petite demeure à deux chambres. Elle était encombrée d’hôtes, tous parés des plus beaux vêtements des métis. À un bout, se tenaient deux violons qui jouaient à tour de rôle une musique fort rapide et certainement des plus fatigantes pour ceux qui l’exécutaient. La danse, à laquelle prenaient part une douzaine de couples lors de notre entrée, paraissait un mélange d’écossaise et du quadrille des lanciers[1]. Elle se composait de plusieurs pas vifs, comprenant un double tour et un coup de talon, le tout exécuté avec beaucoup de vigueur. On y dansait ; voilà ce qui est certain. Et quand les cavaliers et leurs dames avaient achevé la figure, ils étaient rendus de chaleur et de fatigue. Ces figures paraissaient si compliquées et l’adresse des danseurs si admirable que la défiance de nos propres mérites ne nous permit pas de céder aux sollicitations réitérées qu’on nous adressait d’inviter des danseuses et de prendre à la fête une part

  1. Suivant Malte-Brum, t. VI (éd. de 1845), ce sont des menuets et des gigues qu’on danse encore au Canada. (Trad.)