couteau de chasse et un revolver, mais nous ne prenions cette dernière pièce que dans les passages dangereux.
Qu’on nous permette ici de donner un conseil à quiconque voudra par la suite parcourir les territoires de la baie de Hudson. Si l’on ne se propose que de chasser le bison l’été dans la plaine, on peut prendre avec soi des charrettes et des provisions abondantes et, si l’on veut, une carabine rayée. Mais celui qui cherche à connaître toutes les phases de la vie sauvage, en la menant comme nous l’avons fait durant tout un hiver, celui-ci devra se contenter d’un fusil de chasse à deux coups, pourvu qu’il porte bien la balle. La neige profonde en effet ne supporte pas les charrettes et tout doit être transporté dans des traîneaux tirés par des chiens. Il faut alors épargner tout poids inutile. D’ailleurs il est presque inévitable qu’un fusil mis sur un traîneau soit courbé ou brisé. Enfin, dans la forêt, le chasseur doit porter sur son épaule tout son bagage et ses provisions.
Ainsi, dans l’un et l’autre cas, deux fusils sont de trop. Chasseur ou trappeur, on ne vit guère que de gibier à plume. C’est presque le seul qu’on tue. Car les plus grosses bêtes ne sont pas fréquentes. Or, si bon tireur qu’on soit, avec la carabine, on n’abattra guère d’oiseaux au vol ; moins souvent encore, on en tuera deux ou trois d’un coup, comme il est indispensable de le faire si l’on désire économiser sa poudre, afin d’éviter de mourir de faim. Un bon fusil de chasse uni porte assez loin, à soixante ou quatre-vingts mètres, ce qui est suffisant en pratique. Enfin l’expérience que nous avons eue ne mous a pas laissé le souvenir d’un seul cas où nous n’ayons pas pu nous mettre à cette distance du gros gibier.
Ce fut dans d’excellentes dispositions que, le 23 août, nous partîmes du fort Garry. Nous nous sentions libres comme l’air en escortant la suite de nos charrettes qui transportaient tout ce que nous possédions en Amérique. Nous avions quelques che-