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duré deux jours nous avait laissé un tel dégoût que nous nous résolûmes à renoncer à notre dessein de fixer en cet endroit notre demeure d’hiver. Nous préférions nous retirer à la Belle-Prairie, ce qui mettrait neuf à dix milles entre notre résidence et nos ennuyeux voisins.

Le lendemain, nous revenions donc sur nos pas et nous tendions notre loge sur les rives du lac de la Belle-Prairie. L’emplacement que nous choisissions pour notre demeure était le milieu du promontoire boisé qui avait auparavant excité notre admiration. Nous étions alors arrivés au milieu d’octobre. Il devenait donc nécessaire d’activer l’édification de notre bâtiment, car autrement l’hiver pourrait nous surprendre avant que nous eussions terminé la besogne. Le peu de temps dont nous disposions nous obligeait aussi à nous contenter d’une construction de petite dimension et des matériaux les plus simples. La Ronde se chargea d’être notre architecte, et nous nous mîmes au travail avec ardeur.

Nous commençâmes par faire, avec des troncs de peupliers non dégrossis mais assemblés en mortaise, aux angles de la butte, un enclos de quinze pieds sur treize. Comme ces troncs étaient loin de se toucher en tous points, ils laissaient parfois entre eux des trous à y passer la main. D’ailleurs, nous n’avions encore ni porte, ni fenêtre, ni toit, et les murs, élevés de six pieds à l’extérieur, n’en avaient que cinq au dedans. Le génie de La Ronde remédia à ces défauts, plus aisément que nous ne nous y attendions. Il fit scier, dans l’épaisseur du mur, les places de la porte et de la fenêtre. La porte fut faite avec des planches prises aux charrettes, et un morceau de parchemin nous tint lieu de fenêtre vitrée. Le toit fut construit avec des perches droites que nous fournissaient les jeunes sapins desséchés ; par-dessus, on étendit un chaume de gazon de marais, tenu en place par des mottes de terre qu’on y lança. Le peu de hauteur extérieure du bâtiment fut en dedans corrigé en creu-