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sont des trappeurs solitaires ou des chasseurs à pied ; les autres vivent en troupes de cavaliers. Les premiers sont des plus paisibles et se font un point d’honneur de l’honnêteté qui les distingue de leurs brigands de frères des prairies. Nous avons vécu six mois parmi eux sans avoir eu une seule occasion de nous plaindre d’un vol. Trois de ces six mois, nous les avons passés complétement seuls, au milieu d’eux, et, bien qu’ils aient parfois témoigné un très-vif désir d’obtenir des objets que nous leur refusions, jamais ils n’ont paru songer à nous disputer notre droit à cet égard.

Ils sont très-habiles comme trappeurs et comme chasseurs d’élan ; parfois ils poursuivent les bisons qui, lorsque l’hiver est rude, dépassent la lisière des forêts. Comme ils peuvent, en échange de fourrures, se procurer aux postes de commerce tout ce dont ils ont besoin, ils sont beaucoup mieux vêtus et mieux équipés que les Indiens des plaines. Mais l’élan devient rare et parfois les Cries des Bois ont beaucoup à souffrir de la faim.

Ceux des prairies, au contraire, poursuivant les bisons, manquent rarement de quoi vivre tout en ayant fort peu de choses à vendre pour se fournir de vêtements ou d’objets de luxe. Ces Indiens, comme du reste presque tous ceux que nous avons rencontrés, gouvernaient leurs familles admirablement. Chez eux les disputes conjugales paraissent inconnues et l’on n’entend presque jamais un enfant pleurer. Notre ami Kînémontiayou était un mari et un père plein d’affection pour sa femme et ses enfants ; ceux-ci lui obéissaient à la parole et le considéraient évidemment comme un être supérieur qu’ils devaient aimer et respecter.

Une des choses qui nous frappa le plus à mesure que nos relations avec les Indiens se développèrent, c’était de ne trouver parmi eux ni chevelures grisonnantes, ni calvitie, ni difformité. Ce dernier avantage peut, jusqu’à un certain point, être expliqué par la liberté du choix dans le mariage ; peut-être aussi, par