Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/43

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blique, non par des hostilités, mais par des actes qu’il faut placer bien au-dessous ; n’allaient-ils pas ainsi contre les fins secrètes qui, de notre patrie, font pour nous un nom si cher ; ils ne devaient donc pas être obéis. Mais ce fut le zèle qui te poussa, et tu fis ces choses pour plaire à tes dieux ! Des dieux impuissants à se venger eux-mêmes, des dieux qui, pour punir leurs ennemis, emploient des armes indignes d’un Dieu, négation de leur divinité même, ne peuvent être des dieux ; l’on ne doit donc ni leur plaire, ni leur obéir, ni les craindre. Ces faux prétextes dont tu colores ton crime s’évanouissent dans tes mains ; te voilà nue sous ta faute, et que tu es hideuse !

DALILA.

Si elle discute avec des hommes, une femme : a toujours tort, quelque puisse être sa cause.

SAMSON.

Sans doute, puisqu’elle manque ou de mots ou d’haleine, témoin le jour où tu m’assourdis du vain bruit de tes paroles.

DALILA.

Je fus insensée et téméraire ; complètement déçue dans ce dont j’attendais le succès le plus heureux : Samson pardonne-moi ! souffre que je montre comment je prétends réparer le mal que je te fis, grâce à de funestes conseils ; mais ce qui demeure irremédiable, ne le supporte pas avec trop d’amertume, et ne persiste pas plus longtemps à te désespérer en vain. Quoique la