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moignai à mon pays, je ne verrai rien d’odieux ; si quelqu’un en murmure et s’en montre jaloux, contente de mon partage, je l’abandonne au sien.

LE CHŒUR.

Elle est partie, le serpent s’est montré à son dard ; jusqu’ici il s’était déguisé, maintenant il se dévoile.

SAMSON.

Qu’elle s’en aille ; Dieu l’a envoyée pour m’humilier, pour me faire sentir ma folie, qui confiait à une telle vipère le saint dépôt de mon secret, de mon salut et de ma vie.

LE CHŒUR.

Et pourtant la beauté, même alors qu’elle nous fut fatale, possède un étrange pouvoir ; et quand elle revient après l’offense pour reconquérir un amour qu’elle posséda, difficilement pouvons-nous la repousser sans ressentir au-dedans de nous de grands troubles et les aiguillons secrets d’un remords amoureux.

SAMSON.

Souvent, dans une douce réconciliation, se terminent les querelles de l’amour, mais non la trahison conjugale qui s’attaque à notre vie.

LE CHŒUR.

Ce ne sont ni la vertu, ni la sagesse, ni la valeur, ni l’esprit, ni la force, ni la grâce des traits, ni l’étendue du mérite qui peuvent con-