Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/48

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quérir l’amour d’une femme pour le conserver Jong-temps. Quoique ce soit, c’est chose difficile à dire, plus difficile à rencontrer, et, de quelque manière que nous l’envisagions, assez semblable, Samson, à ton énigme ; que l’on y rêve un jour ou bien sept jours entiers, l’on n’en peut pas trouver le nœud.

Si c’était l’un de ces dons ou bien leur assemblage, ta fiancée de Timna ne t’eût pas préféré si vite l’ami indigne d’être mis en parallèle avec toi, et qui te succéda néanmoins dans ta couche. Toutes les deux, d’un cœur si pervers, n’eussent point rompu leur union, et cette dernière, si traîtreusement, n’eût point coupé sur ta tête cette moisson fatale. Est-ce donc parce que les grâces du dehors furent prodiguées à leur sexe que les dons intérieurs, comme si on n’avait point pris le temps de les amener à leur perfection, demeurent inachevés. Borné fut leur jugement ; leur capacité ne s’éleva point jusqu’à saisir et apprécier ce qui doit fixer notre choix, et elle ne sert bien souvent, entre tous les partis, qu’à prendre le plus mauvais. Trop d’amour propre fut-il mêlé à leur substance ou bien nulle racine de constance ne put-elle se fixer en leur âme qu’elles ne savent rien aimer ou ne rien aimer longtemps ?

Quoi qu’il en soit, aux yeux des plus sages et des meilleurs des hommes, elles semblent d’abord toutes célestes sous le voile virginal, douces, modestes, aimables et décentes ; mais une fois unies à vous, elles se montrent toutes contraires, une épine dans votre cœur, un mal qui s’attache à vos flancs et vous ronge au-dedans sans que vous puissiez vous défendre ; elles vous