Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/72

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MANUÉ.

Je sais qu’il le peut, mais j’hésite à croire qu’il le veuille. L’espérance, du reste, souscrit volontiers à la foi, et veut même la séduire. Mais la minute qui vient nous apportera des détails.

LE CHŒUR.

Quelle soit bonne ou mauvaise, la nouvelle sera grande ; mauvaise, elle nous arrivera plus vite, car d’une mauvaise nouvelle le courrier est rapide, tandis que le porteur d’une nouvelle heureuse se repose souvent dans sa route ; mais notre vœu est exaucé, j’aperçois un messager qui se hâte vers nous ; autant que je puis le deviner, c’est un hébreu.

(Entre un messager.)
LE MESSAGER.

Oh Dieu où courir ? en quel lieu fuir l’horrible spectacle que viennent de voir et voient encore mes yeux ! De son image épouvantable il me poursuit encore ; la Providence, l’instinct de la nature et ma raison toute troublée, que j’ai pu à peine consulter, semblent, par des moyens que j’ignore, m’avoir conduit ici, vers toi d’abord, à vénérable Manué, et vers vous aussi ô mes concitoyens : je savais que vous n’étiez pas loin de ce théâtre d’horreur ; vous ne prendrez. donc que trop d’intérêt à ce fatal événement.

MANUÉ.

Il s’est passé quelque chose de grave ; un