Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/74

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MANUÉ.

Mes regrets diminuent et deviennent presque de la joie.

LE MESSAGER.

Oh ! Manué, je lutte contre moi-même ; je ne veux point te dire trop soudainement ce qui enfin viendra trop tôt ; je crains que des nouvelles mauvaises, frappant rudement l’oreille d’un vieillard, n’y pénètrent trop profondément.

MANUÉ.

Elle est pour nous une torture la nouvelle qui nous tient en suspens, parle donc.

LE MESSAGER.

Ce qu’il y a de plus triste, un mot te l’apprendra, Samson est mort.

MANUÉ.

Ce qu’il y a de plus triste, oh oui ! voici que tombe à néant mon espoir de le délivrer et de l’arracher d’ici ; mais la mort, qui tous nous rend libres, a payé la rançon de mon fils et acquitté sa dette. Quel vain bonheur, quel vain espoir avais-je conçus ; ils avortent comme avortent les premières fleurs du printemps, que l’hiver, en s’éloignant, frappe encore de ses gelées. Mais avant que j’abandonne les rênes à ma douleur, dis-moi comment il est mort ; la mort est, à notre vie, un diadême ou un opprobre ; tu me dis que tous sont tombés sous son bras ; sous le bras de qui