Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/78

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entière sur ceux qu’elle couvrait, seigneurs, dames, capitaines, conseillers, prêtres, l’élite de leur noblesse, la fleur non seulement de cette ville, mais de toutes les villes d’alentour, accourue de tous côtés pour solenniser la fête : confondu avec eux, Samson appela sur lui la ruine inévitable qui tombait sur leurs têtes. Ceux-là seuls furent sauvés qui se tenaient au dehors.

LE CHŒUR.

O vengeance achetée bien cher ; glorieuse vengeance toutefois ! dans la vie ou dans la mort, tu pus accomplir l’œuvre pour laquelle on t’annonça à Israël, et maintenant que tu reposes vainqueur entre ceux que tu immolas, tu es tombé sous tes coups ; non que tu voulusses te frapper toi-même, mais une cruelle destinée t’enveloppa dans ses plis ; sa loi t’a réuni dans la mort à tes ennemis renversés, et ils dépassent par leur nombre ceux auxquels, quand tu vivais, tu fis mordre la poussière.

PREMIER DEMI-CHŒUR.

Tandis que leurs âmes pleines de joie et d’arrogance s’enivraient d’idolâtrie et s’enivraient de vin, tandis que ces hommes savouraient la graisse des boucs et des taureaux, qu’ils chantaient leur idole, qu’ils s’exaltaient au-dessus de celui qui est vivant, de celui que nous craignons et qui habite à Silo, son sanctuaire magnifique, il leur envoya, lui, un esprit d’égarement qui vint frapper leurs esprits et leur souffla le fatal désir d’appeler au milieu d’eux celui qui devait les perdre. Ils étaient là, ne