Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/79

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songeant qu’à se livrer aux rires et aux jeux, et sans le savoir, importunant leur ruiné pour que sans délai elle fondît sur leurs têtes. Stupidité des mortels, sur lesquels tombe le courroux divin ! ils vont jusqu’à appeler leur propre destruction sur eux. Livrés à leur sens réprouvé, frappés d’un aveuglement intérieur, ils demeurent insensés.

SECOND DEMI-CHŒUR.

Mais Samson, quoiqu’aveugle, méprisé, regardé comme éteint et comme anéanti, à été illuminé par l’œil intérieur de l’âme ; il a réveillé sa fière vertu sous la cendre qui la couvrait ; il l’a fait éclater en une flamme soudaine, comme le dragon qui le soir fond sur la branche où repose l’oiseau familier du laboureur et sur les nids qu’il voit rangés en ordre dans la ferme ; tel qu’un aigle, il a lancé dans un ciel serein la foudre sur leur tête ; ainsi quand vous l’estimez perdue, quand elle vous paraît écrasée et anéantie, semblable à cet oiseau unique au monde, qui s’engendre lui-même dans les forêts de l’Arabie et se place sur son bûcher jusqu’à ce que, victime volontaire, il revive et refleurisse du sein de ses cendres fécondées, la vertu, quand nous croyons que c’en est fait d’elle, nous montre toute sa force ; elle voit mourir son corps, mais sa renommée survit, et traverse, oiseau immortel, de longs siècles de gloire.

MANUÉ.

Venez, venez : si nous n’avons plus le temps,