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KADHÉSCH

faire ce qu’il doit, il lui suffit de songer qu’il le doit faire. Oh ! quel mobile d’honneur, de vertu, de bien-être, serait la législation perfectionnée ainsi sur un seul principe ! Les lois anciennes étaient tellement le fruit de hautes pensées et de grands desseins, le produit du génie en un mot, que leur influence a survécu aux mœurs des peuples pour qui elles étaient faites. Combien longtemps, par exemple, n’a pas duré le préjugé imprimé par les anciens législateurs sur les mariages stériles ?

Moïse ne laissa guère aux hommes la liberté de se marier ou non. Lycurgue nota d’infamie ceux qui ne se mariaient pas. Il y avait même une solennité particulière à Lacédémone, où les femmes les produisaient tout nus aux pieds des autels, et leur faisaient faire à la nature une amende honorable, qu’elles accompagnaient d’une correction très-sévère. Ces républicains si célèbres avaient poussé plus loin les précautions, en publiant des règlements contre ceux qui se marieraient trop tard[1], et contre les maris qui n’en usaient pas bien avec leurs femmes[2]. On sait quelle attention les Égyptiens et les Romains apportèrent à favoriser la fécondité des mariages.

S’il est vrai qu’il y eût dans les premiers âges du monde des femmes qui affectaient la stérilité, comme il paraît par un prétendu fragment du livre d’Énoch, il peut y avoir eu aussi des hommes qui en fissent profession ; mais les apparences n’y sont rien moins que favorables. Il était surtout alors nécessaire de peupler le monde. La loi de Dieu et celle de la nature impo-

  1. Έψιγάμια.
  2. Κακογάμια.