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L’ANANDRINE.

les mêmes principes, comme le veut Mirabeau ; car le législateur de Sparte, par son système audacieux sur la pudeur, blessait toutes les convenances, dépouillait l’homme de ses affections les plus naturelles, ôtait à l’amour son charme le plus puissant ; tandis que le vieillard de Téos ; poëte érotique par excellence, passait son temps à fêter la bonne chère, le vin et l’amour, et que, non content de la jouissance d’un nombre infini de maîtresses, il conçut la passion la plus violente et la plus déréglée pour Bathyle, Cléobule, Mégiste et Smiridias, dont il fit ses gîtons.


Page 65. — « Sapho… peut être regardée comme la plus illustre des tribades. »

Cette célèbre, mais trop infortunée Sapho, qui vécut du temps de Stésicore et d’Alcée, environ 600 ans avant l’ère chrétienne, se distingua non-seulement par ses habitudes lesbiennes de κλειτοριὰζεῖν[1], que Sénèque et saint Augustin lui reprochent avec tant de véhémence, mais encore par son beau talent poétique, qui la fit surnommer la dixième Muse. Elle inventa deux sortes de rhythmes, le Saphique et l’Éolique, et dans la faible partie de ses œuvres, que l’ignorance et la barbarie ont laissé parvenir jusqu’à nous, son âme respire tout entière dans les vers brûlants d’amour qu’elle soupirait pour le volage Phaon.

L’ardeur, ou plutôt le feu de son tempérament, dit Virey, la fit accuser d’un vice… qui la rendit presqu’un homme : Mascula Sapho. Inspirée par l’amour et les dédains de Phaon, elle put transmettre à la postérité la peinture de ses ardeurs ou plutôt les transports de son érotomanie ; elle les eût moins vivement représentés, s’ils

  1. Voyez la Linguanmanie, page 128. C’est cette erreur lascive qui justifie la résection du clitoris dans les pays méridionaux, où les femmes, par le prolongement quelquefois prodigieux de cette portion externe des nymphes, ont propagé cette nouvelle manière d’aimer de Sapho. Voyez l’Akropodie, pag. 77.