Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II


Le cousin Debray, à l’exception de ses vieux souvenirs de caserne et de sa connaissance plastique des mœurs du putois, n’avait pas beaucoup d’idées dans la tête. Depuis qu’il avait quitté le régiment il n’en avait eu qu’une, et encore dut-il y renoncer. Le brave cousin s’était imaginé de doter le pays d’une compagnie de sapeurs-pompiers, dont il eût été le commandant ; il avait écrit, à ce propos, rapports sur rapports, mémoires sur mémoires, dressé des plans, des statistiques d’incendie, établi d’admirables règlements. Mais il s’était heurté sans cesse à l’obstination du conseil municipal qui refusa de charger la commune déjà obérée d’un surcroît de dépenses. Le capitaine en conçut un vif ressentiment et, bien que bonapartiste enragé, il se jeta dans l’opposition — opposition, je m’empresse de le dire, qui se restreignait à des « nom