nés de l’incertitude, l’assiégeaient, rompant, d’une légère secousse, la raide immobilité de son corps. Je l’entendis, un jour, qui demanda, d’une voix basse, à mon père, en train de faire reluire, tristement, un bistouri :
— Le crois-tu si, si malade ?
— Je ne l’ai point ausculté, mignonne, répondit-il.
Et s’adressant à moi, il interrogea :
— As-tu remarqué que les jambes de ton oncle enflaient ?…
— Non, papa !…
— Ça ne fait rien, reprit-il… Pour moi, il a une maladie du cœur, peut-être du foie… Mais, heureusement, je peux me tromper dans mon diagnostic…
Il approcha de ses lèvres la lame de l’instrument qui se ternit, à son haleine.
— Je peux me tromper !… répéta-t-il, hochant la tête…
Avec la peau d’un vieux gant, il astiqua l’acier, délicatement l’essuya.
— Alors, tu crois qu’il pourrait aller, comme ça, des mois, des années ?
— Mon Dieu ! il peut aller longtemps… Il peut mourir aussi d’un moment à l’autre… Ça dépend !
Ayant planté le bistouri dans le rayonnement de la lampe, il le fit tourner entre ses doigts, en examina les surfaces polies qui miroitaient, et il répéta :
— Ça dépend !
Puis, il le glissa dans la gaine de la trousse, tandis