Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et poli, il faisait, en ce moment, des gestes extravagants, grimaçait d’horribles grimaces, se démenait, était si pâle, avait la figure si tordue, qu’on l’eût dit en proie à une attaque d’épilepsie. Revenus de leur première surprise, des voisins, des passants, des chiens accoururent, se groupèrent autour de M. Rodiguet.

— Ah ! mon Dieu !… Ah ! mon Dieu !… s’écria de nouveau M. Rodiguet, dont l’étrange et incompréhensible mimique allait, à chaque minute, s’accentuant dans l’effarement et dans l’épouvante.

Alors, des voix crièrent çà et là.

— Quoi ?… Quoi ?… Qu’est-ce qu’il y a ?… Monsieur Rodiguet, que vous est-il arrivé ?… Êtes-vous malade ?… Qu’est-ce qu’il y a ?

— Ah ! mon Dieu !… Ah ! mon Dieu !… Au secours !… J’ai… Ma… Au secours !

Le hululement de cette plainte insolite, la douleur de cet appel imprévu, coururent dans la rue, de porte en porte, de fenêtre en fenêtre, mirent à toutes les ouvertures des visages subitement consternés et curieux. Des interrogatoires se croisèrent.

— Hein !… Quoi ?… Qu’est-ce qu’il y a ?… Où sont-ils ?… Où allez-vous ?…

Quelqu’un demanda :

— Est-ce un cirque qui arrive ?

Un autre demanda encore :