Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/102

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— Est-ce le feu ?…

Des gens sortaient, en hâte, prudents :

— Le feu !… le feu !… Où est le feu ?

Des gamins en train de jouer, des femmes en train de coudre se précipitèrent dehors, leurs yeux clignant vers le ciel, au-dessus des toits.

— Le feu !… le feu !… où est le feu ?…

— Pourquoi ne bat-on pas la générale ?

— Pourquoi n’entend-on pas le tocsin ?

En une seconde, l’un suivant l’autre, une foule s’amassa devant la porte de M. Rodiguet, sans savoir pourquoi.

— Mais qu’est-ce qu’il y a ?… Ce n’est donc pas le feu ?… Où donc sont les pompiers ?

— On ne voit pas les pompiers !

— On ne voit pas les flammes !

— On ne voit rien…

Un homme qui tenait dans ses bras un petit enfant, s’écria :

— Vous ne voyez donc pas qu’il est fou !

Et plusieurs, aussitôt, de tous les côtés, répétèrent :

— Il est fou !… Il est fou !

— Qu’est-ce qui est fou ?… Qu’est-ce qui est fou ?

— Prenez garde !… N’approchez pas !… Il va vous mordre.

— Il faudrait lui jeter un sac sur la tête !… N’approchez pas !