et par la bonde, je fis couler du cidre, jusqu’à tant que la pipe fût pleine… Et cela tout seul !… C’était de l’ouvrage je vous assure… ben de l’ouvrage… et une pipe de cidre perdue ! Mais, qu’est-ce que vous voulez ? quand il faut, il faut ! Il n’était que temps du reste… Car les Prussiens vinrent le lendemain, et n’y virent que du feu !… Et voilà : l’autre est là-dedans depuis ce temps-là !… J’ai point osé l’enlever.
En ce moment, le facteur apparut à la porte du cellier.
— Bonjour, maît’ Lormeau, et la compagnie ! dit-il.
— Bonjour, mon gars !
— Un beau temps, maît’ Lormeau !
— Mais chaud, mon gars !
— Oui, ben chaud, maît’ Lormeau.
— Tu boirais ben un coup de cidre, mon gars ?
— Ce n’est pas de refus, maît’ Lormeau.
— Eh ben, mon gars, va-t’en chercher, à la maison, une vrille et un pot… Je vais t’en faire goûter un comme jamais tu n’en as bu !… Va !
Au bout de quelques minutes, le facteur revint, apportant la vrille et le pot. Mais Lormeau avait pris un fausset. Il se mit à percer la pipe de cidre, et le cidre jaillit en un petit filet