— … Alors, disait Barjeot, voilà que j’accours dans la direction du coup de feu… bon… Et qu’est-ce que je vois ?… Milord qui était sur un homme mort et qui le fouillait !… Rends-toi ! que je lui crie… Mais v’là Milord qui prend le fusil du garde, qui m’ajuste… Je fonce sur lui… Il tire, m’attrape le bras gauche… bon… Rends-toi, que je lui crie… Mais, voilà qu’il m’ajuste encore… bon… Alors, je fais ni une ni deux… Je prends mon revolver, pan !… Et v’là Milord qui toupine, les quatre fers en l’air… Alors, v’là que je vais auprès du garde… Il était tout chaud… Mais, bernique !… tué raide, le pauv’ diable… Le coup dans la poitrine, en plein mitan… Moi, j’ai l’bras cassé… C’est rien, ça !… Alors, j’ai été d’mander un coup d’ main à maitr’ Drouet.
— Sacré Barjeot ! murmura quelqu’un, dans la foule.
Mais ce n’était plus le « sacré Barjeot ! » goguenard, poussé par les gamins s’amusant du « soûlard », c’était un « sacré Barjeot » grave, recueilli, profond, le cri d’admiration exaltant le héros.
Trois mois après, Barjeot obtenait sa mise à la retraite… On le décora.