Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/24

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Piédanat


Je montais les Champs-Élysées, quand, à la hauteur de la rue de La Boétie, j’aperçus trottinant, ou plutôt roulant devant moi comme une boule, une vieille petite femme, toute ronde, et si grosse, et qui soufflait si fort, que les rares passants s’arrêtaient pour la regarder curieusement. Elle était vêtue d’une robe de toile, claire et flottante ; un chapeau de paille en forme de cône, chargé de rubans, couronnait une perruque rousse qui s’ébouriffait, aux tempes, en mèches tirebouchonnées et folâtres ; à son bras, pendait une sorte de panier à ouvrage, garni de ganses et de pompons rouges. Je la dépassai. La vieille petite femme tourna la tête, m’examina de coin, un peu étonnée.

— Mais je ne me trompe pas ? s’écria-t-elle en s’avançant et me tendant la main. Mais, c’est monsieur Henry ? En voilà une rencontre,