riles, arrêtaient les épidémies de bestiaux. Mais ils n’étaient point toujours d’humeur à ces sorcelleries bienfaisantes, et, plus volontiers, ils se servaient de leur puissance magique pour tourmenter les hommes et les bêtes. Il leur suffisait de tremper le bout des doigts dans une pipe de cidre ou une cuvée de vin pour changer cidre et vin en bouse liquide ; de passer la main sur le dos d’une vache pour que le lait tournât en urine. Rien qu’à frôler une bête, ou un homme, ils faisaient entrer en eux l’esprit du mal, et, par les champs, l’on voyait des êtres grimaçants courir en agitant les bras, comme des ailes de moulin à vent, se tordre sur les talus, se traîner dans les ornières boueuses, à plat ventre, en proie au diable, clamer dans le vent.
Pourtant, il était possible de se préserver des enchantements des sorciers ; dès qu’un sorcier vous avait touché, il fallait le battre à bras raccourcis, en répétant trois fois : « Sorcier, je te rends le mal ». De cette façon, l’on narguait le diable, et l’on paralysait l’influence mauvaise des sorciers. Chaque année, à la foire de Saint-Michel, le sorcier établissait une vaste tente sur la place de Trélotte, sous la tente posait une table, sur la table posait un crucifix, entre deux chandelles allumées. De tous les pays circonvoisins, des campagnes et des