Page:Mirbeau - La Pipe de cidre.djvu/54

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— Qui qu’a pu leur fout’ un sô… comme ça ?

Les huit machines étaient rangées dans la cour de la ferme, énormes et tristes, et bergers, charretiers, bouviers, les regardaient d’un air consterné, les bras ballants…

— Allons, dit maît’ Bottereau à Rabalan, dépêche-té…

Le pauvre diable hésita un instant, puis, subitement, il se mit à courir autour des machines, en agitant les bras et en clamant d’une voix forte :

— Baba !… Rourou !… Lu lu lu !

Rabalan, courait, courait, criait, criait. Pendant plus d’un quart d’heure on entendit :

— Baba !… Rourou !… Lu, lu, lu !

Épuisé, la sueur au front, le souffle lui manquait, il s’arrêta.

— Ça y est-y ?… demanda maît’ Bottereau.

Rabalan haletait. Il répondit :

— Ça y est… maît’ Bottereau !...

On essaya les machines… Elles ne marchaient pas.

Alors maît’ Bottereau s’emporta.

— Ah ! canaille, voleur, démon, hurla-t-il. C’est té qui leur as foutu le sô… c’ cati…

S’avançant vers Rabalan, il le frappa d’un énorme coup de poing en plein visage.

— J’ te rends l’ mal !… J’ te rends l’ mal !… J’ te rends l’ mal !…