pour rien — où la belle sabotière eût-elle trouvé un mâle dont les reins fussent plus robustes ? — et que le profit seul y était en jeu. La belle sabotière prêtait de l’argent à la petite semaine, aux cultivateurs gênés, aux ouvriers en chômage, et c’était Roubieux qui faisait le rabat des victimes, les amenait au cabaret où, sur les tables gluantes de liqueurs, dans l’étourdissement de l’ivresse, des ruines s’étaient accomplies. On racontait même — tant les imaginations vont vite en ces coins perdus de province ! — des choses sinistres, des scènes abominables d’ivrognerie et de luxure qui s’étaient terminées par des vols impudents, des billets signés sans remise d’argent, des dépouillements audacieux, sous le coup de menaces, lorsque le vin et les polissonneries de la veuve avaient manqué leur effet. La police s’émut, surveilla le cabaret, fit un commencement d’enquête, et ne trouva rien. En dehors de ces aventures secrètes et redoutables, le cabaret gardait un air de gaieté licencieuse et d’amusement, sous la direction de la belle sabotière, qui ne dédaignait point de boire avec ses clients, de se laisser chiffonner par eux, d’exciter les désirs par de savantes et furtives caresses inachevées.
Maître dans la maison, Roubieux obtint facilement de sa maîtresse de ne plus voir son fils,