volcanique de ces îles lointaines, leurs chétives productions agricoles, leurs constitutions politiques, leurs mœurs qui s’européanisaient. Théophile Letourneux, en sa qualité de psychologue dramatique, donna des détails précis sur la vie privée et publique de Son Excellence. Il expliqua comment le jeune Thaoorawa, ayant été surpris sous un cocotier en flagrant délit d’adultère avec la belle Türoï, fut condamné au supplice de la noyade, aujourd’hui aboli. Conduit en mer, nu, les épaules seulement couvertes du kikéi, qui est le vêtement d’infamie, on le plongea dans l’eau, et on l’y maintint par l’extrémité des pieds, jusqu’à ce qu’il fût presque mort. On renouvela cette opération cinq fois de suite, et comme le jeune Thaoorawa ne mourut point, on le nomma colonel.
Le dîner s’achevait dans un bien-être délicieux. Le président rayonnait de joie, portant ses regards attendris de Son Excellence, qui mangeait toujours et buvait de plus en plus, aux gros banquiers et aux gros pontes qui, tous, avaient répondu à son appel. Et l’on entendait la voix du colonel qui se faisait plus douce à chaque minute, et passait des sonorités joyeuses de la flûte aux sonorités mélancoliques du hautbois.
— Ri ri ri, lu lu lu, fi fi fi.
À chaque fois, l’interprète se levait, saluait