Page:Mirbeau - Le Jardin des supplices.djvu/245

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et de tendresse — si exquise, que je sentis courir, dans mes veines, un frisson de désir.

— Et moi, qui fais tout ce que tu veux… comme un pauvre chien !… gémit-elle.

Puis :

— Je suis sûre que tu me crois méchante… parce que je m’amuse à des choses qui te font pâlir et trembler ?… Tu me crois méchante et sans cœur, pas ?…

Sans attendre ma réponse, elle affirma :

— Mais moi aussi, je pâlis… moi aussi je tremble… Sans ça, je ne m’amuserais pas… Alors, tu me crois méchante ?…

— Non, chère Clara, tu n’es pas méchante… Tu es…

Elle m’interrompit vivement, me tendit ses lèvres :

— Je ne suis pas méchante… Je ne veux pas que tu me croies méchante… Je suis une petite femme gentille et curieuse… comme toutes les femmes… Et vous, vous n’êtes qu’une vieille poule !… Et je ne vous aime plus… Et baisez votre maman, cher amour… baisez fort… plus fort… bien fort… Non, je ne vous aime plus, petite chiffe… Oui, tenez… c’est cela… vous n’êtes qu’un amour de petite chiffe de rien du tout.