Page:Mirbeau - Les Scrupules de M. Hector Pessard, paru dans l’Écho de Paris, 5 janvier 1891.djvu/5

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article… Planons, planons !… (Il écrit. Même jeu que précédemment.) C’est l’abjection dans la pourriture. C’est la pourriture dans l’abjection… pestilentielle… le fumier moral… l’ignoble puanteur de ces âmes sordides… littérature de boue… art de bagne… inspiration d’hôpital… rêve de lupanar… ordure…ordure… ordure… ordure !… » (Il s’interrompt d’écrire… et réfléchit) Tout de même, je suis inquiet !… C’est vrai, les auteurs sont tellement susceptibles aujourd’hui… on n’a pas plutôt dit que leurs œuvres étaient des infamies, et eux-mêmes d’affreux bandits… qu’ils se mettent à pousser des cris de paon ! Ils récriminent, ils réclament !… C’est embêtant !… Non, mais c’est embêtant !… Pour moi, je suis au-dessus de cela !… J’ai, Dieu merci, dans la critique, une situation qui me permet de ne pas trop m’émouvoir de ces vaines colères… de ces colères, dont on voit la ficelle, dans toute sa fleur, comme dit Wolff !… Si je ne vais pas à leurs pièces, est-ce que cela les regarde ?… Eh bien ! non, je suis inquiet quand même !… On a maintenant, dans la presse, des mœurs si déplorables !… Enfin ! je ne suis pas tranquille, là !… Je me souviens que j’en ai fait de raides… (Très gai)… de très raides… d’excessivement raides ! Et je ne voudrais pas (Sérieux)… sapristi ! je ne voudrais pas qu’on vînt me jeter cela à la