Page:Mirbeau - Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique, 1901.djvu/82

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VIII


J’ai revu, plusieurs fois, M. Émile Ollivier, toujours calme et souriant… Mais ce calme et ce sourire ne m’effraient plus, depuis que j’en sais la cause… depuis que leur secret me fut révélé…


Il y a de cela quatre ans…

C’était dans un wagon, naturellement… les genoux couverts d’un plaid quadrillé, le chef, d’une toque écossaise, de ces toques qui ressemblent à des bourdalous renversés, M. Émile Ollivier allait vers des destinations expiatoires et inconnues. Du moins, j’aimai à me figurer qu’il en fût ainsi…

Ce spectacle d’un Émile Ollivier que j’imaginai errant par le monde, sans s’arrêtes jamais et partout maudit, d’un Émile Ollivier traversant les plaines, les montagnes, les forêts, les mers, quittant les railways pour les tramways, les tramways pour les paquebots, les paquebots pour les chameaux,