Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/268

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comme la chasse qui fait les muscles forts et l’âme réjouie. Perdu dans les sainfoins et les luzernes où les perdreaux sont blottis, glissant le long des haies touffues où se tapissent les lièvres, arpentant les guérets nus et les chaumes encore çà et là jonchés de javelles, et où se hâtent les derniers moissonneurs, comme on se sent enveloppé, étourdi, ravi — et délicieusement — par ce calme silence des choses si plein de voix et de murmures pourtant, par cette tranquillité robuste où pourtant fermentent tous les germes de l’universelle fécondation ! Nul bruit discordant, nulle agitation stérile. C’est la nature apaisée qui poursuit l’œuvre de vie, jamais interrompue. Comme on est loin de tout ce qui blesse, de tout ce qui ment, de tout ce qui désespère ! Et comme on oublie, sous les cieux égayés de clairs soleils, et dans les champs solitaires, la vie maudite des villes, la vie de proie qui allume les colères, arme les vengeances, fait se ruer les uns contre les autres les ambi-