Page:Mirbeau - Sébastien Roch, 1890.djvu/249

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nement n’en êtes-vous pas le complice, un peu ? C’est-à-dire pouvez-vous faire qu’il n’ait pas été consommé ? De toutes les façons, mon pauvre enfant, vous devez en subir le châtiment. Comprenez-moi. Le Père de Kern sera puni, oh ! puni avec une sévérité terrible… Je me charge d’avertir le Père Recteur, qui est la justice même. Il sera chassé de cette maison, envoyé dans une mission lointaine. Mais vous ? Réfléchissez… Pensez-vous sincèrement que vous puissiez rester ici ? Pour vous-même, pour nous, qui vous aimons tendrement, non, vous ne le pouvez pas. Ce serait irriter une blessure qu’il faut guérir et guérir vite. Vous allez, dites-vous, révéler le crime à tous, le crier partout ?… Qu’obtiendrez-vous de cette vilaine action, sinon un surcroît de honte ? À ce crime qui doit demeurer secret, et non impuni, vous aurez ajouté un scandale sans aucun bénéfice pour vous. Vous aurez réjoui les ennemis de la religion, désolé les âmes pieuses, compromis une cause sainte et vous vous serez tout à fait déshonoré. Non, non, je connais votre caractère, vous ne ferez pas cela. Certes, je vous plains… Ah ! je vous plains de toute mon âme. Mais je vous dis aussi : « Acceptez courageusement l’épreuve que Dieu vous envoie… »

Sébastien essaya de se dégager, et il soupira d’une voix encore tremblante de sanglots :

— Dieu !… On me parle toujours de Dieu !… Qu’a-t-il fait pour moi ?

Le Père devint solennel et presque prophétique :

— Dieu vous donne la douleur, mon enfant ! prononça-t-il d’une voix grave et basse. C’est qu’il