chez moi… n’ayant point perdu l’espoir de rencontrer, en chemin, un pochard généreux… un brave souteneur… ou une pauvre fille des rues… car, voyez-vous… eux, du moins… ils ont un cœur…
Pour sûr…
Qui me donneraient deux sous… deux vrais sous… avec quoi je pourrais acheter du pain, le lendemain… Et comme je marchais depuis un quart d’heure… cahin-caha… sans avoir rencontré personne… voilà que je sens… tout à coup… sous mes pieds… quelque chose de mou. D’abord je pensai que ça pouvait être une ordure… Et puis… je réfléchis que ça pouvait être quelque chose de bon à manger… (Un temps.) Quelque chose de bon à manger !… (Il se frictionne le ventre.) Le hasard n’aime guère les pauvres, et il ne leur réserve pas souvent des surprises heureuses… Mais… quoi ?… On ne sait jamais !… Tenez !… je me souviens avoir trouvé, une nuit, rue Blanche… un gigot de mouton… Ah ! je me suis régalé… cette nuit-là… je me suis régalé comme un pauvre chien… Mazette !… (Temps.) Je me baissai pour ramener l’objet… et dès que je l’eus touché : « Va te promener, que je dis encore, c’est point des choses qui se mangent… Je suis volé… » J’étais volé, en effet, car c’était, Monsieur le commissaire… ce portefeuille de malheur… Naturellement… à la lueur d’un bec de gaz tout proche, j’ouvris ce portefeuille et l’examinai… Dans un des compartiments, je trouvai une liasse de billets de banque, attachés par une épingle… Personne dans la rue, ni un passant, ni un chien, ni une boutique allumée… Jamais je n’avais vu la rue si